Antoine Fine, co-fondateur d'Eutopia : "Des bureaux qui correspondent à votre vision du monde"

Interview

Ancien banquier d’affaires, Antoine Fine, cofondateur d’Eutopia, investit dans les marques digitales « disruptives » : plus vertes, plus responsables et plus équitables. Des critères de plus en plus prisés par les consommateurs.

Votre entreprise ne finance que des marques « engagées ». Comment cet engagement a-t-il évolué ces dernières années ?

Au début d’Eutopia en 2015, nous avons surtout investi dans des sociétés dont l’engagement se traduisait par plus de transparence. Des marques plus accessibles, plus authentiques, qui remettaient le consommateur au centre du jeu. Les enjeux écologiques n’étaient pas aussi incontournables qu’ils ne le sont devenus aujourd’hui. Depuis quelques années, c’est beaucoup plus présent, voire omniprésent. On s’inscrit dans une économie circulaire, on essaie de réapprendre à fonctionner de manière vertueuse, un peu comme la nature qui ne produit aucun déchet inutile par exemple.

Comment l’engagement d’Eutopia se traduit-il au quotidien, et comment il rejaillit sur votre entreprise ?

Beaucoup de choses nous semblent naturelles dans une journée de travail : la mobilité verte avec le vélo, l’usage d’un smartphone reconditionné, le tri... Cet engagement, au centre de nos valeurs, est même un vecteur d’attractivité : il représente qui l’on est, ce que l’on fait et comment. Depuis peu, Eutopia est devenue entreprise à mission, certifiée « B Corp ». La démarche pour obtenir la certification a été très fédératrice pour toute l’équipe. Cela a été l’occasion de vraiment définir notre mission, de la mettre dans nos statuts et lancer les actions correspondantes comme dans notre cas le bilan carbone de nos sociétés en portefeuille, la structuration du don d’une partie de nos gains futurs, etc. Nous avons aussi identifié et défini précisément nos trois valeurs cardinales que sont l’ambition, la transparence et la bienveillance. C’est extrêmement fédérateur de donner du sens à sa journée de travail.

Cet engagement sociétal, comment peut-il se traduire dans les bureaux ?

Nous nous posons justement la question car nous allons bientôt déménager. C’est très statutaire les bureaux, ne serait-ce que les quartiers à Paris par exemple : les cabinets d’avocats dans le 8e, les start-up dans le Sentier... Avec l’importance que prennent leurs engagements pour l’environnement, les causes sociétales, etc., les entreprises vont vouloir que leurs bureaux soient aussi révélateurs de leur vision du monde et de ses enjeux. Le fonds d’investissement 2050 par exemple a fait le choix pour ses locaux d’être dans le minimalisme, une forme de frugalité. De notre côté, notre positionnement correspond à ce que nous appelons le « sustainable lifestyle » donc nous allons sans doute chercher à avoir des locaux faisant à la fois place au design, au créatif, au « beau » mais aussi à l’efficience et la durabilité, des locaux qui permettent de mutualiser les efforts et les usages tout en dégageant quelque chose dans le ressenti esthétique. Ambition encore à retranscrire en réalité ! Comme l’Eutopie est le pendant réel de l’Utopie...

Antoine Fine, Co-fondateur Eutopia