Friederike HOBERG, Directrice Allemagne Covivio : « Toute une génération d’Allemands a grandi avec les enjeux RSE »

Interview

« Toute une génération d’Allemands a grandi avec les enjeux RSE »

Après plus de dix ans passés à Paris, Friederike Hoberg a rejoint Berlin en 2022 pour y diriger l’activité bureau Allemand de Covivio. Elle y observe les différences professionnelles et culturelles qui marquent le monde de l’immobilier tertiaire en Europe.

Covivio est principalement présent en France, Allemagne et Italie : avez-vous la même approche stratégique pour ces trois pays ?

Nous déployons les mêmes standards Covivio quelle que soit les implantations, avec une présence autour des hubs de transports, dans les centres-villes, avec des immeubles de bureaux flexibles et multi-usages. Aujourd’hui, les services, l’expérience sur site, mais aussi l’intégration des enjeux RSE sont cruciaux, tout comme la prise en compte des aspects liés à l’environnement dans la phase construction. En Allemagne, la centralisation est beaucoup moins marquée : il n’y a donc pas un marché du bureau, mais une dizaine de marchés. Les villes sont aussi plus fragmentées et étalées. Le rapport à l’espace et aux distances, ainsi que la notion de centre-ville sont très différents de ce que nous connaissons en France.

En matière d’aménagement, avez-vous une approche différenciée suivant les pays ?

L’exemple de nos espaces Wellio est intéressant. Nous avons une « signature » propre avec des marqueurs forts, mais l’inspiration architecturale est chaque fois différente. À Milan, dans un immeuble de centre-ville, l’esprit des lieux de Wellio Duomo fait écho au patrimoine historique du quartier, et à Paris, pour notre site du 5e arrondissement, nous avons travaillé avec l’école des Gobelins afin de nous intégrer dans le territoire.

En Allemagne, comment se déroule le retour au bureau ?

Avec les restrictions liées à la Covid-19, beaucoup d’habitués des transports ont trouvé cela pratique de ne pas faire une heure de voiture pour aller au bureau. Mais les jeunes, eux, sont très désireux de se rendre au bureau pour se retrouver, se sociabiliser. Afin de favoriser le retour en présentiel, l’employeur met souvent à disposition une gamme de service élargie, des endroits plus informels voire ludiques, des salles de réunion innovantes... Des lieux systématiquement montrés aux candidats lors des entretiens.

Qu’en est-il des demandes de services ?

Sur l’aspect serviciel, le marché allemand n’a pas atteint la même maturité qu’à Londres ou Paris. La demande s’accélère pour des espaces de partage, comme des cafétérias plus vastes, des salles polyvalentes ou des espaces extérieurs, mais rares sont encore les immeubles qui proposent toute la gamme servicielle comme plusieurs offres de restauration, une conciergerie, une salle de sport, une crèche, etc. La connectivité commence seulement à se mettre en place. La recherche est plutôt axée sur l’efficacité : il est moins nécessaire d’avoir un grand hall représentatif de l’entreprise ou des espaces « exceptionnels », comme cela peut être le cas à Milan ou Paris. Les start-ups, elles, adoptent des nouveaux codes et sont plus orientées vers le partage de bureaux, de services et demandent des aménagements spécifiques comme par exemple une salle de yoga ou un bar avec barista.

Vous avez travaillé par le passé en France. En quoi la culture française diffère-t-elle de la culture d’entreprise allemande ?

Toute une génération d’Allemands a grandi avec les enjeux RSE : le tri des déchets, les économies d’énergie... Quand j’ai commencé à travailler à Paris il y a 15 ans, ces sujets étaient peu présents sur le lieu de travail et dans les esprits des collaborateurs. Aujourd’hui, les deux cultures convergent fortement sur cette thématique.

Y a-t-il une « recette allemande » ou des spécificités, des attentes particulières auxquelles vous répondez ?

En France les négociations sont moins franches, on fait des déjeuners, on échange beaucoup, mais les décisions sont plus hiérarchiques. En entreprise, les Allemands sont constamment à la recherche d’un consensus, le plus large possible. Cela passe par un dialogue organisé et l’intégration d’un maximum de personnes. Les représentants du personnel ont ainsi beaucoup de poids, et sont intégrés dans les décisions des entreprises.